17.11.10

La marche des tortues

Exercice des contraintes avec 3 phrases imposées
Tiré du Writer’s Toolbox, de Jamie Callan
3 bâtonnets, sur lesquels est écrite une phrase, sont pigés pour stimuler l’écriture.

1er bâtonnet : Mon frère faisait cette chose étrange avec les tortues.
On démarre le récit et on écrit pendant 6-7 minutes.

On pige le 2ème bâtonnet : Un mardi, elle m’a posé la plus étrange des questions.
On poursuit le récit en y incluant cette phrase (6-7 minutes)

On pige le 3ème bâtonnet : La dernière fois qu’ils ont vu un film ensemble.
On conclue le récit en y incluant cette phrase (6-7 minutes)

Voilà ce que j’ai pondu.

Mon frère faisait cette chose étrange avec les tortues.  C’est tante Thérèse qui les lui avait données, probablement avec l’idée qu’en le forçant à prendre soin de plus petit que lui, ça aiderait son moral.  Quand il ne faisait rien, ce qui était la plupart du temps, il s’étendait sur son lit et plaçait les trois tortues sur l’oreiller à côté de lui.  « Ça me fait quelque chose d’autre que les murs ou le plafond à regarder », disait-il sans me voir.

Un mardi, tante Thérèse téléphone.  J’ai répondu.  Elle m’a posé alors la plus étrange des questions : « Est-ce que ton frère fait prendre une marche tous les jours à ses tortues? »  Euh…

Elle m’explique qu’elle lui avait recommandé de sortir les tortues du vivoir et de leur faire prendre une marche.  Je lui raconte qu’il les déposait sur l’oreiller et les observait faire quelques pas et les replaçait si elles tombaient.  « Mais, je lui avais bien dit de les sortir dehors!  Il faut les attacher avec une longue ficelle et les faire marcher sur le trottoir! »  Re-euh…

Elle enchaîne en disant que la dernière fois qu’ils ont vu un film ensemble, il y avait une scène où l’on voyait cet homme dépressif qui, à partir du moment où il a sorti ses tortues pour une marche quotidienne, a retrouvé le sourire, la légèreté, la joie de vivre et que c’était une scène drôle et vivante et que c’était ça qu’elle voulait qu’il fasse.

Maudite folle, ai-je dit.  Et j’ai raccroché.
Entre elle et lui, je me demande bien lequel des deux est le plus dérangé.

Je suis alors descendue vers sa chambre, j’ai ouvert la porte et j’ai dit à mon frère « L’oreiller, quel endroit parfait pour une marche de santé! »

Il m’a regardée et m’a souri.